La mosquée du Barbier
Le monument abrite le célèbre tombeau d’Abou Zamaa el-Balaoui, un compagnon du prophète de l’islam Mahomet, mort au combat en l’an 34 de l’hégire (654 ap. J.-C.). Surnommé Sidi Sahab ou Sidi Sahbi, il est considéré comme le patron de la ville de Kairouan. L’édifice, élevé très probablement aux xiiie et xive siècles, est entièrement rénové au xviie siècle par les beys de la dynastie mouradite. C’est Hammouda Pacha Bey qui reconstruit la zaouïa, édifie la médersa ainsi que le minaret vers 1662 ; son petit-fils, Mohamed Bey El Mouradi, refait complètement la coupole du mausolée, et sans doute la cour et les galeries qui l’entourent aux alentours de 1681-1685.
À la fin du xixe siècle, l’écrivain français Guy de Maupassant, qui visite l’édifice lors de son séjour à Kairouan, décrit ses impressions en découvrant la cour qui précède la chambre funéraire : « La grande cour carrée où l’on arrive ensuite en est aussi entièrement décolorée. La lumière luit, ruisselle, et vernit de feu cet immense palais d’émail, où s’illuminent sous le flamboiement du ciel saharien tous les dessins et toutes les colorations de la céramique orientale. Au-dessus courent des fantaisies d’arabesques inexprimablement délicates. C’est dans cette cour de féerie que s’ouvre la porte du sanctuaire qui contient le tombeau de Sidi-Sahab, compagnon et barbier du Prophète »
La mosquée du Barbier est un vaste complexe qui comprend plusieurs cours, le mausolée proprement dit, une médersa, un entrepôt, ainsi que plusieurs pièces destinées à l’hébergement des visiteurs.
La Grande Mosquée de Kairouan
C’est, incontestablement, le plus ancien édifice religieux islamique érigé dans l’Occident musulman.
C’était en 670, lors de la première campagne en vue de l’annexion de l’Ifriqiya à l’empire musulman naissant. Après avoir choisi, à la lisière des contreforts montagneux du nord du pays, l’emplacement du «cantonnement» – al qayrawân – dans lequel il installa ses troupes dans la foulée d’une première offensive victorieuse, le général Okba Ibn Nafaa s’empressa d’y ériger un siège pour le gouvernement de la province ifriqiyenne et un oratoire en briques crues qui, au IXe siècle, après plusieurs réaménagements et à quelques détails près, se présentera sous l’apparence que nous connaissons aujourd’hui à la Grande Mosquée.
Monument singulier, que cette Grande Mosquée de Kairouan dont la parfaite harmonie cache à la perfection un « synchrétisme » architectural unique dans son genre.
Les matériaux qui ont servi à sa construction proviennent tous, en effet, de sites antiques appartenant à diverses époques antérieures à la conquête islamique, cependant que l’allure générale de l’édifice, en particulier, le minaret, reflète une lointaine influence orientale. Le tout forme un ensemble original, aux traits sobres mais non dépourvus d’élégance.
S’agissant de la décoration intérieure, il faut parler d’exubérance : une véritable explosion de motifs géométriques et floraux taillés dans le marbre fin qui décore la façade du mihrâb, la niche qui indique la direction de la Mecque, ou gravés dans les panneaux de bois précieux qui composent le minbar, chaire pour le prêche.
Les bassins des Aghlabides
Erigée dans une zone steppique semi-aride, la ville de Kairouan ne disposait, à sa création, que de très maigres ressources en eau potable. Ainsi, dès les débuts, la ville était-elle hantée par les préoccupations découlant de ce déficit. Et l’histoire a retenu un temoignage remontant aux années 734-741 dans lequel le calife de Damas ordonnait à son gouverneur à Kairouan l’aménagement d’une quinzaine de réservoirs d’eau dans les environs pour l’approvisionnement de la population en eau potable.
Deux bassins monumentaux ainsi que quelques citernes ont traversé les siècles pour nous offrir aujourd’hui l’image d’installations hydrauliques majestueuses, considérées comme les plus importantes du Moyen-Age.
Cet ensemble couvre une superficie de 11.000m² et dispose d’une contenance de 53.000m3. Au milieu du grand bassin, de forme circulaire avec un diamètre de 127,7m et de 4,8m de profondeur, s’élevait une tour octogonale où l’Emir venait se reposer.
Aujourd’hui, cet ensemble, récemment enrichi de nouveaux ouvrages dégagés lors de travaux de terrassement, a été aménagé en parc et son accès a été doté de commodités pour le confort des visiteurs.
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